Murray, avec sa hanche artificielle, face à l’impossible ?
Le Britannique veut continuer de défier la logique.
- Publié le 01-07-2021 à 22h35
- Mis à jour le 02-07-2021 à 10h25
Personne n’a jamais réussi à jouer avec une hanche artificielle, mais s’il y a bien un joueur suffisamment têtu pour y parvenir, c’est bien Andy Murray. Et dire qu’on se demandait s’il allait même pouvoir s’aligner sur ce Wimbledon ! Voilà l’Écossais au troisième tour après deux thrillers, avec tout le pays derrière lui, et avec un jeu de jambes qui semble s’améliorer à chaque sortie.
À chaque fois qu’il a cru être prêt pour rejouer régulièrement sur le circuit cette saison, Murray s’est blessé, ou bien a attrapé le Covid-19 juste avant son départ pour Melbourne. Mais la poisse semble avoir décidé de le lâcher. Il joue, ce vendredi face à Denis Shapovalov, pour une place pour les huitièmes
La logique dit qu’il ne peut pas battre le Canadien. Mais sur le central de Wimbledon, "Muzz" peut faire des miracles. Alors il va défier le 12e mondial en rentrant dans l’arène comme l’homme aux deux titres à Wimbledon (2013, 2016) face à un gaucher de 22 ans qui dispute le troisième tour ici pour la première fois. Oui, il arrive le mental gonflé à bloc. Oui, il a cette patte gauche de folie. Et oui, il a eu en plus la chance de bénéficier du forfait de Pablo Andujar au deuxième tour afin de se remettre de son premier match en cinq sets face à Kohlschreiber.
Mais Andy Murray n’est jamais aussi fort que lorsque tout lui dit qu’il n’a aucune chance. "Je ne sais pas pourquoi tout le monde me demande si c’est mon dernier Wimbledon…", s’agace-t-il ainsi régulièrement depuis le début du tournoi. Imperméable à ce qui semblait jusque-là pour tout le monde inéluctable. Actuellement 118e mondial, il est en train de gagner son pari de l’année : convaincre ses hanches et donc ses jambes de revenir au niveau à Londres. "Les choses sont évidemment bien plus dures aujourd’hui que quand j’avais vingt ans à cause de mes limites physiques. Et ça fait bien longtemps que je n’ai pas passé autant d’heures sur les courts donc c’est aussi compliqué. C’est vraiment dur mais quand je vois ce que j’ai encore accompli et toutes les émotions ressenties dans cette communion avec le public… C’est pour ça que je continue : pourquoi je voudrais abandonner ça ?"
La passion chevillée au corps, les "Come on !" rageurs comme à la grande époque : Andy Murray est convaincu que plus il va gagner de matches, meilleur il va devenir. Il ne peut quasiment pas s’entraîner entre les matches, il souffre sur les déplacements en bout de course, et alors ? Bluff ou pas, ça fonctionne ! Shapovalov a ainsi décidé qu’il va affronter le grand Murray : "Quand je vois ses deux derniers sets, je me dis que c’est le bon vieux Andy. Ce sera mon premier match sur le central, ça va être un grand moment de ma carrière."
Shapovalov manque encore d’expérience sur la surface et peut parfois dégoupiller alors le test est immense. Nous revoilà dans un match "Next Gen" contre "Big 4" et c’est déjà une énorme performance de Murray d’y être parvenu. S’il devait gagner, cela calmerait aussi un peu cette rage qu’il a forcément d’avoir vu son corps le lâcher au sommet de son art.